Compensation carbone : impact positif réel ou vrai exemple de greenwashing ?

par | Mar 21, 2021

De plus en plus de compagnies aériennes incitent les voyageurs à souscrire à une option de compensation des émissions de gaz à effet de serre lors de l’achat d’un vol. Il en va de même pour l’achat de différents services et produits pour lesquels l’entreprise incite le consommateur à compenser ses émissions induites. 

Il existe même un site dédié à l’information du consommateur sur le fonctionnement de ce système.

Pourtant, à l’aune de ces informations, il y a de quoi rester perplexe face à ce sujet récurrent et souvent instrumentalisé. Alors, que penser de cette pratique ? Greenwashing ou impact positif réel ?

Enquête et analyse pour vous aider à décrypter les rouages de ce système, et à prendre votre décision en connaissance de cause.

Ne parlez plus de compensation carbone, cette équation est une pure vue de l’esprit !

Depuis la mise en œuvre des Accords de Paris fin 2016, visant à atteindre l’objectif de limitation du réchauffement climatique à +2°C, les États signataires (125 États au total) déploient progressivement leurs politiques concernant le traitement des émissions de gaz à effet de serre (GES). En France, l’objectif fixé par ces Accords est d’atteindre la “neutralité carbone” d’ici 2050 : pour cela, un objectif de réduction de 55% des niveaux actuels d’émissions de GES a été transcrit dans la Stratégie Nationale Bas Carbone française, plan d’actions supposé faciliter l’atteinte de cet objectif à l’échelle nationale. À ce jour, ces émissions ne sont toujours pas complètement déclinées sous la forme de quotas d’émissions imposés aux différents secteurs d’activités, même si la sectorisation progresse via de nouvelles méthodes d’évaluation sectorielles appelées à se déployer progressivement via la méthode ACT dite « Pas à pas ». Cependant, le déploiement est fastidieux et délicat, et ces évolutions requièrent une expertise très spécifique et la pleine collaboration des entreprises du secteur pour permettre d’ajuster le schéma de calcul avec les données sectorielles d’émissions remontées par les acteurs du secteur concerné. 

C’est dans ce cadre qu’intervient le principe dit de « compensation carbone », consistant à évaluer le montant de ses émissions de gaz à effet de serre sur un périmètre défini par le consommateur lui-même, convertir cette quantité de GES en montant financier selon un barème d’achat de la tonne de carbone défini par le calculateur, puis reverser volontairement cette somme d’argent pour le financement de projets censés à l’inverse, contribuer à la mise en place de systèmes capables d’absorber le carbone contenu dans l’atmosphère. Ces systèmes consistent généralement en 2 filières distinctes : soit des projets dits « verts », principalement dédiés à la reforestation à grande échelle, supposés reconstituer des puits de carbone planétaires, soit de l’optimisation des activités communautaires ou mise en œuvre de solutions faiblement émettrices de gaz à effets de serre au sein des territoires les plus vulnérables au réchauffement climatique.

On comprend donc déjà ici, que la « compensation » relève d’une équation purement abstraite, consistant à « soustraire » dans un lieu différent de celui des émissions natives, et dans un futur plus ou moins proche, un volume d’émissions carbone fictif équivalent au volume d’émissions déjà réalisées de manière certaine par l’activité émettrice du consommateur (et toute la chaîne de valeur utilisée pour produire le service ou le produit). Absurde, n’est-ce pas ?

Dans ce contexte, le système apporte-t-il une contribution réellement positive dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique ?

La contribution carbone relève-t-elle d’une action à impact positif pour la planète ?

L’opinion des experts est aujourd’hui mitigée, pour plusieurs raisons de fond :

1 – Le système de “crédits carbone” utilisé par les entreprises sur un marché privé, censé réguler “naturellement” le prix de la tonne de carbone, présente les travers typiques de la spéculation

Opacité, régulation naturelle insuffisante, double comptage des crédits carbone pour les États vendeurs et acquéreurs, report des responsabilités de ses propres émissions sur les autres opérateurs, incitation à générer des profits cachés pour compenser les sommes investies. 

De plus, pour les organismes de contrôle comme pour le public, il s’avère en pratique très difficile d’obtenir les informations permettant d’estimer :

  • les montants réellement injectés dans les actions concrètes sur le terrain en regard de la multiplicité des intermédiaires de la chaîne, 
  • les résultats chiffrés des mesures de terrain mises en œuvre pour la réduction des émissions directement (transporteurs) ou indirectement (opérateurs de voyage) produites par l’activité de ces entreprises, supposée être l’axe de progrès prioritaire à travailler au sein de ces entreprises. 

2 – Le financement de projets “verts” ne permet pas d’effacer comme par magie l’ardoise des effets nocifs des émissions dans l’environnement

  • Les forêts ne peuvent que fixer le CO2, qui ne représente qu’une fraction des gaz à effets de serre émis. Les autres gaz (notamment particules fines, rejets soufrés ou azotés) ne sont pas captés par les récepteurs des plantes, et constituent une pollution durable de l’atmosphère pour laquelle il n’existe aucune solution à ce jour ;
  • Les actions de reforestation constituent un pari sur l’avenir, donc sans garantie : les arbres replantés doivent d’abord grandir avant de commencer à produire leurs effets, s’ils ne périssent pas dans un aléa environnemental imprévisible à date (incendie, cyclone, tempête, maladie parasitaire…) : le processus d’absorption du CO2 ne commencera à être efficace que 20 ans après replantation a minima ;
  • Le type d’arbres replantés : certains arbres sont plus efficaces que d’autres en matière d’absorption de CO2. Le taux d’absorption pourra varier du simple au double en fonction de la nature des espèces replantées, de la réussite de la symbiose du mélange d’espèces, de leur capacité d’adaptation à l’environnement local (climat, humidité, composition du sol, résilience aux parasites…). Par exemple, les mangroves et les forêts de kelp présentent l’un des taux d’absorption du CO2 parmi les plus élevés… À condition de déployer un savoir-faire spécifique pour réaliser leur plantation. De même, la reforestation pratiquée avec des essences d’arbres ne correspondant pas au biotope d’implantation n’a aucune chance de se développer d’une manière suffisante pour assurer convenablement sa fonction de puits de carbone ;
  • La remise en question de l’effet absorbant des forêts à terme : À ce jour, les forêts, les mangroves ainsi que certaines plantes sont les seuls moyens identifiés comme capables d’absorber les gaz à effet de serre émis dans le cadre des activités humaines. Or, des études récentes montrent qu’avec l’augmentation du taux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, l’efficacité des forêts pour l’absorption du CO2 a drastiquement diminué en 20 ans.

À terme, d’ici 2030, cette capacité d’absorption pourrait même complètement disparaître, voire s’inverser, ce qui conduirait à une accélération du réchauffement climatique !

3- La nature des projets financés 

La reforestation constitue la grande majorité des projets supposés contribuer à l’impact positif, malgré les travers inhérentes à sa mise en œuvre, alors qu’il existe des voies alternatives qu’il est également très important de ne pas négliger :

  • Les projets directement liés à l’objectif de réduction active des émissions de GES, par évitement ou limitation des quantités de GES produites par les activités industrielles : on parle alors d’émissions évitées. Ces projets peuvent concerner des changements de pratiques, l’introduction de nouvelles technologies, des changements de systèmes, de comportements ou toute autre action permettant d’accélérer la transition bas-carbone… En France, le Label Bas-Carbone créé par le ministère de la Transition écologique et solidaire, avec la collaboration de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), permet l’achat d’émissions réduites ou évitées certifiées par l’Etat et contrôlées dans le cadre d’une comptabilisation nationale, et également les co-bénéfices induits par ces projets.  
  • Les projets favorisant l’absorption des GES en dehors de la reforestation : Les forêts ne sont que le deuxième puits de carbone de la planète, derrière les océans ! Pourquoi est-ce que la plupart des projets verts financés par le mécanisme de compensation carbone ne s’adressent qu’à des projets de reforestation, là où les océans auraient également grand besoin de projets de nettoyage et de préservation de sa biodiversité dont certains de ses représentants contribuent de manière directe et très efficace à l’absorption du carbone ? Saviez vous que les phytoplanctons produisent non seulement au moins 50% de l’oxygène de la planète, mais ils absorbent en plus environ 37 milliards de tonnes de CO2, soit environ 40% de tout le CO2 produit et l’équivalent de 4 fois la forêt amazonienne ? Saviez-vous qu’une baleine à sa mort, permet de stocker 33 tonnes de CO2 là où un arbre moyen en stocke seulement 22 kg à son maximum de croissance ? D’autres milieux naturels ont également de forts pouvoirs absorbants de carbone, notamment les tourbières, les prairies et milieux ouverts, et les milieux humides. Ils sont aussi des habitats et des réservoirs de nourriture privilégiés pour la conservation de la biodiversité notamment. Pour en savoir plus sur le sujet je vous invite à lire cet article.
  • Les projets liés à l’impact positif sur les territoires hors problématique carbone : Nombreux sont les fronts sur lesquels il est indispensable de restaurer un équilibre, notamment en matière de protection des espaces naturels et de la biodiversité, de réduction des émissions de polluants des sols, des eaux ou de l’atmosphère, qu’ils soient chimiques ou organiques, de réduction des volumes de déchets, de consommation des ressources naturelles telles que l’eau ou les matières premières qui épuisent les sols, les océans et les espaces naturels. 

4- Le problème des calculs dans la compensation carbone

Le calcul des volumes émis par nos activités, des volumes d’émissions évitées ou réduites via la compensation, et des montants financiers associés pose également problème, de part la complexité des calculs et le manque d’accessibilité sur les hypothèses initiales. 

  • Pour réaliser l’évaluation des volumes d’émissions de gaz à effet de serre, différents calculateurs en ligne sont mis à la disposition gratuite du grand public. Problème : ces calculateurs fournissent des résultats pouvant aller du simple au triple, en fonction des hypothèses initiales de calcul prises en compte ou non dans les modèles, notamment sur la prise en compte de l’effet des traînées de condensation qui peut significativement faire varier le résultat obtenu… Quel crédit apporter alors aux modèles de calcul qui estiment la masse des émissions ? 
  • Le calcul des barèmes de prix de la tonne de carbone : à ce jour il n’existe aucun référentiel obligatoire pour fixer le prix de la tonne de carbone, ni sur le territoire français, ni à l’international où les tarifs proposés ne reposent sur aucun référentiel commun. Le mode de calcul de ces tarifs reste également inaccessible et le manque de transparence sur ces questions est total. Difficile dans ces conditions de disposer d’ordres de grandeur fiables sur lesquels se reposer pour mettre en place un système de contribution financière. A défaut, il existe un barème de taxation carbone établi par le gouvernement, sur lequel se référer pour le montant de la tonne de carbone.
  • Le calcul des émissions évitées ou réduites suite à l’action de contribution carbone est également un problème : il revient à chaque projet de faire l’évaluation de son impact positif, et cette bonne pratique est loin d’être un standard, notamment sur les projets locaux à l’international ou même en France. Les projets labellisés Bas-Carbone par le ministère ont cette obligation d’évaluation et de contrôle par un organisme indépendant, qui permet de certifier la méthode de calcul selon les standards de l’ADEME, à l’origine de la mise au point technique de la méthode de référence en France ©Bilan Carbone sur la comptabilisation des émissions. 

En résumé : La compensation carbone, qui consiste à financer certains projets permettant d’éviter certaines émissions en provenance d’autres contributeurs ou d’absorber le carbone concentré dans l’atmosphère, constitue bien une solution complémentaire aux actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle permet de contribuer de manière positive au développement de projets allant dans le sens de l’impact positif sur l’environnement. A condition de ne jamais se substituer aux axes prioritaires que sont les solutions de réduction des émissions ! 

Concrètement, quelles options s’offrent au consommateur pour compenser ses émissions ?

Concrètement, tout particulier souhaitant compenser les émissions de gaz à effet de serre générées par son activité a la possibilité :

  • de racheter sa part d’émissions carbonées en crédits carbone auprès du fournisseur de services. L’attribution de ces crédits sera directement gérée par l’entreprise, qui propose alors de reverser le montant aux projets verts qu’elle a retenus dans le cadre de son offre de compensation carbone (souvent labellisés et connus),
  • de racheter directement sa part d’émissions auprès d’un organisme de courtage privé en ligne, spécialisé dans ce type de transaction, qui offre la possibilité à l’acheteur de choisir parmi un portefeuille de projets, celui ou ceux qu’il souhaite financer. Les organismes les plus reconnus en France sont notamment : Goodplanet, Climateseed, EcoAct, Climat Mundi. Ces organismes disposent de leur propre calculateur d’émissions, et établissent le prix de la tonne de CO2 selon des critères internes qui ne sont pas rendus systématiquement accessibles au consommateur, en l’absence de standards reconnus sur le marché de la compensation volontaire,
  • de calculer lui-même sa part d’émissions carbonées en utilisant les calculateurs en ligne à sa disposition (ADEME, Goodplanet, Climat Mundi, etc.), de faire des recherches et sélectionner les projets qui lui paraissent les plus éthiques ou efficaces, et de faire un don auprès de l’association ou de l’ONG sans passer par un organisme intermédiaire de courtage. 

Dans tous les cas, l’accès aux informations cruciales permettant de juger de l’impact réel de la contribution à ces projets n’est pas aisé, et plusieurs questions restent bien souvent en suspens faute de réponses suffisamment transparentes et accessibles :

  • Le calculateur des émissions de gaz à effet de serre fournit-il une évaluation fiable de la part de vos émissions (quelles sont les hypothèses initiales, les phénomènes pris en compte dans la modélisation, le forçage radiatif est-il pris en compte…) ? 
  • Comment est fixé le prix de la tonne de CO2 équivalente fixé par les opérateurs privés du marché de la compensation carbone volontaire ?
  • Quel pourcentage final de la contribution financière est réellement reversé aux projets verts situés en bout de chaîne du processus de compensation ? Quelle est la part réelle des frais prélevés pour le fonctionnement de l’ensemble des intermédiaires ? 
  • Quel impact réel en matière d’absorption de CO2 présente(nt) le(s) projet(s) vert(s) choisi(s) d’après leur descriptif disponible sur internet, en regard de leur pertinence technique (nature des espèces replantées, état de l’environnement : sols, pollution, climat, menaces industrielles voisines…) ? De la façon dont ils sont gérés financièrement et menés sur place ? Quel type de contrôle est exercé à destination pour vérifier sur le terrain l’affectation des fonds à l’usage prévu, notamment dans les pays en voie de développement où l’accès aux zones de reforestation peut être difficile ?

Que penser de la démarche RSE des entreprises intégrant la compensation carbone de leurs émissions ? 

Aujourd’hui, pour les entreprises non soumises aux obligations de reporting extrafinancier imposées par la règlementation en vigueur (TPE et PME principalement), la responsabilité sociétale des entreprises relève encore d’une démarche volontaire, même si les incitations sont fortes sous la pression des grands comptes et de l’Etat, soumis à ces obligations qui prévalent sur l’ensemble de la chaîne de leurs fournisseurs. 

La tendance de plus en plus marquée sur la responsabilisation des entreprises au travers de leur démarche RSE, et la prise de conscience d’une partie grandissante de l’opinion publique qui attend de plus en plus d’engagement de la part des professionnels sur la réduction de leurs impacts environnementaux, incitent de plus en plus d’entreprises à s’inscrire dans cette démarche de développement durable et à afficher des engagements pour montrer son implication positive. Bien souvent, cette démarche de « responsabilité » consiste à vouloir « compenser » ses émissions, sans réelle volonté de réduire ses émissions et de réorienter son modèle économique vers une logique durable. Là se trouve la véritable différence entre un engagement authentique, visant en priorité la diminution de son impact environnemental, et un engagement de façade tout entier basé sur un mécanisme de fausse neutralité qui n’a par conception, aucun pouvoir de diminution des impacts. 

Les derniers rapports du GIEC de 2021-2022 le démontrent sans appel : il est désormais prouvé que toute activité humaine émettrice de gaz à effet de serre contribue de manière directe et quasi proportionnelle au réchauffement climatique et à la perte drastique de biodiversité. La seule chance de maintenir des conditions vivables sur la planète d’ici une ou deux décennies consiste à réduire drastiquement et collectivement nos émissions : le miracle technologique ou la compensation carbone ne sont absolument pas en mesure de sauver l’humanité de la situation dans laquelle elle a entraîné l’ensemble du vivant avec elle.

Dans ces conditions, peut-on encore tolérer le greenwashing, cette tendance de plus en plus généralisée dans les entreprises qui jouent la montre sur leurs engagements et affichent un engagement de façade pour pouvoir poursuivre leurs activités en continuant à maximiser les profits au bénéfice de leurs actionnaires, sous couvert de politiques RSE structurées et bien marketées pour faire illusion ?

Pour accélérer la mutation de la société vers un modèle de fonctionnement soutenable à moyen terme, il faudra réussir le pari d’inciter un maximum d’entreprises et de partenaires à se projeter dans un nouveau modèle économique qui tient véritablement compte du respect de l’environnement et des personnes et qui valorise les retombées positives de l’ensemble des activités sur l’ensemble des parties prenantes, plutôt que le volume d’affaires qui ne profite qu’aux actionnaires. Une tendance au qualitatif qui parle à un public de plus en plus élargi, de mieux en mieux informé et de plus en plus sensible à l’urgence environnementale et sociétale qui secoue notre planète depuis ces deux dernières années. 

Que penser du positionnement des entreprises du secteur touristique vis-à-vis de leurs émissions ? 

L’enjeu est bien réel : une étude de mai 2018 de Nature Climate Change indique que la part des émissions carbone issue du tourisme mondial avant la pandémie représente 8% du total des émissions humaines. Et pourtant, pointer spécifiquement ce secteur du doigt a-t-il vraiment un sens lorsqu’on met ce chiffre en parallèle avec les impacts de secteurs comme celui de l’alimentaire, qui représente à lui seul pas loin de 20% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, ou les impacts du numérique, lorsqu’on sait qu’un an d’usage du numérique européen représente 63 années de liaison Paris-New-York ?

Depuis le début de la pandémie, les entreprises du secteur du voyage, pointées du doigt par rapport à l’impact du transport aérien sur la facture des émissions de GES mondiales, tentent de redorer leur image tant bien que mal, en même temps que d’assurer leur survie au cataclysme qu’a creusé la pandémie dans leur compte de résultats. 2022 sera l’année de vérité pour nombre de professionnels à l’expiration des dispositifs d’aides de l’Etat. 

Dans ce contexte, la compensation carbone devient malheureusement le dispositif privilégié au titre du plan d’actions RSE de certaines majors, au détriment d’une véritable politique de réduction ambitieuse de leurs impacts environnementaux, qui au demeurant ne concerne pas que les émissions de gaz à effet de serre. Et pourtant, il est indispensable de travailler de manière globale sur l’ensemble de sa chaîne de valeur pour réduire son impact environnemental, sur l’ensemble des sujets y compris en marge des émissions carbone : pollution, la gestion des déchets, les impacts sur la biodiversité et la consommation des ressources naturelles (eau, matières premières) et d’énergie inhérentes à toute activité, quelque soit le secteur concerné. Faut-il sacrifier tous les autres impacts environnementaux sur le commode autel de la compensation carbone ? Pour les professionnels qui souhaitent s’engager de manière sincère, que faire en l’absence actuelle d’outils de mesure pertinents pour leur activité et de solutions adaptées, dans une société où rien n’a été pensé et prévu à la base pour la maîtrise des impacts négatifs sur l’environnement et la transition vers un autre modèle d’activité ?

Comment engager sa transition pour intégrer la priorité de réduction de son impact environnemental ?

Il n’existe pas de procédé standard ou de feuille de route toute faite pour répondre à ces questionnements rencontrés dans quasiment tous les secteurs de l’économie. Les solutions à ces problématiques multi-factorielles se trouveront par la coopération sur toute la chaîne de valeur et par l’intelligence collective. Il sera nécessaire de se mobiliser ensemble et apprendre à penser collectif pour inventer de nouveaux modèles économiques soutenables à moyen terme, et se doter de standards et de bonnes pratiques partagés au sein d’un secteur ultra-fragmenté qui n’a jamais eu l’habitude de travailler main dans la main avec ses parties prenantes. Le challenge est de taille, mais il en va de la survie de ce secteur d’activité qui a cruellement souffert de ses lacunes structurelles et de son retard sur la prise de conscience de ses impacts environnementaux et sociaux. 

Dos au mur, confrontés à des défis planétaires d’une ampleur et d’une urgence inédite dans l’histoire de l’humanité, il est temps pour tout le monde de prendre ses propres responsabilités, faire face avec lucidité et bienveillance à la réalité des choses et enfin sortir des jugements et des excuses pour unir nos forces et nous investir dans l’action. 

Un voyage commence toujours par un premier pas…

Les points

importants à retenir

Réduire ses émissions doit être prioritaire sur la compensation, que ce soit à titre individuel ou à l’échelle des organisations

La compensation n’exsite pas, parlons de contribution à des projets permettant de réduire ou éviter des émissions

La reforestation n’est pas l’unique solution ! Il est également important de préserver et restaurer les milieux océaniques qui sont les 1es puits de carbone de la planète